Tour à tour inquiètes et sereines les années s'écoulent sans bruit laissant comme un manteau de laine sur tous les hivers de nos vies- Yves Duteil

mercredi 2 mars 2016

[Livre] Les promesses du passé d'Alyson Richman : le temps n'efface pas tout...


« Il le comprit immédiatement, dès qu’il vit ses yeux pour la première fois. Je vous ai déjà vu quelque part, finit-il par dire (…) Elle le regarda de nouveau, comme si elle donnait vie à un fantôme. Lenka, c’est moi, dit-il. Josef. Ton mari. »↓


Si les mariages sont souvent propices aux rencontres, parfois les retrouvailles sont de mises. C’est le cas de Josef, obstétricien à la retraire qui au mariage de son petit-fils,  reconnait sous un voile de vieillesse, la femme qu’il a tant aimée dans sa jeunesse.  De New-York, les voilà tout deux de retour à Prague à l’orée de la seconde guerre mondiale, face à leurs souvenirs. 
Elle : étudiante en art, fille d’un marchand de verre.
Lui : étudiant en médecine comme le fut son père avant lui. 
Ils s’aiment mais le cours de l’histoire va en décider autrement. Ce roman est une histoire à deux voix, celles d’un amour que même l’horreur n’a pas pu taire et qui nous emmène  en arrière, pour retracer la vie de deux jeunes séparés par la haine envers les juifs.

Mon avis :


Je ne trouve pas les mots exacts pour retranscrire les émotions que m’a fait ressentir ce roman. J’ai adoré… j’ai été émue…  j’ai été touchée  … j’ai été choquée… j’ai pleuré même ! Car on se retrouve dans les souvenirs de deux personnes meurtries, hantées par un passé douloureux. Dès le début, on sait qu’ils vont se retrouver, mais notre curiosité nous pousse à connaitre le  comment ils ont été séparé, quel a été leur parcours, leur chemin de vie ?  Alors on suit le train des souvenirs, on plonge avec Josef et Lenka dans le temps pour se retrouver en plein cœur de la seconde guerre mondiale.  Alyson Richman à travers cette romance, nous évoque l’entrée des allemands à Prague, le revers du camp  Terezin utilisé par les nazzis comme couverture aux déportations vers les camps de la mort…

« (…) j’étais contrainte de peindre ces caricatures ineptes de bébés roses et dodus avec des légendes telles que Félicitations pour la naissance de votre petit ange, alors que les enfants juifs autour de moi attrapaient le typhus et souffraient de la faim (…) »


Terezin, ce camp « modèle »   a accueilli entre autres de nombreux musiciens, peintres et poètes qui clandestinement ont lutté pour représenter la réalité du ghetto au reste du monde. 

«  Theresa (…) réalisait une copie de la Fiancée juive de Rembrandt. -J’espère qu’ils ne connaissent pas le titre. Ils m’ont juste demandé de faire un autre Rembrandt. »

Bien plus qu’une simple histoire d’amour, « Les promesses du passé »  nous dépeint la vie, l’espoir de milliers de personnes  luttant contre la haine et l’injustice. On retrace notamment  le quotidien de familles, d’enfants, d’artistes confinés dans ce ghetto. Cependant même si tout ceci est romancé,  l’auteur nous évoque des faits historiques et  ses personnages sont  inspirés de témoignages.  Comme Dina Gottliebovà  qui a réalisé une fresque de Blanche Neige et les sept nains pour les baraquements des enfants. 


Une des scènes qui m’a le plus émue est la venue de la croix rouge dans cette « ville donnée aux juifs » avec toute la mascarade et le camouflage pour dissimuler la vérité. Et je n’ai pas su m’empêcher de verser des larmes lors de la représentation de la pièce Brundibar par les enfants ainsi que l'interprétation du requiem de Verdi, symbole de résistance dans ce simulacre de liberté culturelle.

Ce livre est mon premier coup de cœur 2016 et je le conseille vivement car pour moi il réussit à nous transmettre des émotions fortes. Et bien que ces événements soient terminés depuis des décennies, les blessures des personnes ayant vécu à cette époque ne se sont pas refermés.  Je me souviendrais toujours du regard de ma grand-mère quand elle parlait de sa jeunesse, des bombes, de la personne qui lui a sauvée la vie au détriment de la sienne, des manques, des gens qui disparaissaient du jour au lendemain... Les jours d’orage, son passé la suivait, la hantait et elle n’était plus avec nous, elle avait à nouveau 16 ans. 

La mémoire continuera à tourmenter les rescapés,  les victimes ainsi que les familles de cette cruauté visant à dénaturer les parcelles d’humanité en chacun de nous. Car l’entreprise des nazzis n’a pas tenté d’éradiquer un peuple,  c’est nous tous, êtres humains dotés d’amour, de compassion, de solidarité, de joie qui ont été visés. 

« Les promesses du passé », un roman riche en émotions qui nous rappelle que le temps ne peut tout effacer ! 

Face à l’une des plus grandes horreurs de l’humanité

Loyauté- Amour- Espoir- Solidarité

Petite ambiance musicale...

Et comme toujours, je vous propose une playlist comprenant à la fois des chansons et musiques issues du livre mais aussi des titres m'évoquant l'ambiance.



Quelques infos glanées pour vous... 




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