« A expédier
dans 4 jours.900 pièces. Nouveau modèle, nouveau tissu, nouveau slogan dans l’atelier.
Votre ardeur au travail vous offre le meilleur des contentements. »
Au sein de l’usine textile, chacun doit travailler sans relâche afin de
gagner sa pitance. Chaque ouvrier est l’un des rouages d’une immense machine de
confection. Et si l’un d’entre eux fait
défaut et que la rentabilité en est affecté, le contremaitre veille à ce que tout
soit réalisé dans les temps. ↓
Nous en sommes en Chine et Mei
est une jeune fille de 17 ans. Ayant arrêté l’école pour que son frère puisse
rentrer à l’université, la demoiselle est obligée de partir loin de chez elle
et de travailler à l’usine. Elle y vit donc
avec d’autres ouvriers et son maigre salaire ne parvient qu’à payer son loyer et à envoyer un peu d’argent
chez elle. Jour et nuit, elle coud sans répit des vêtements qui partiront pour
l’Occident. A l’approche des fêtes de fin d’année, elle se voit retirer sa paye
l’empêchant de rejoindre sa famille. Elle restera donc une fois de plus à l’usine.
Trois jours détachée de l’engrenage, trois jours où tout peu changer !
Mais pourra-t-elle revenir à la normale et accepter sa condition ?
Mon avis :
Ne vous est-il jamais arrivé de
regarder l’étiquette de votre nouveau vêtement pour connaitre le pays où il a
été confectionné ? Moi tout le temps. Et surtout, j’imagine les personnes
ayant à la chaine réalisé ce que je n’ai qu’à simplement payer.
J’ai été touchée par ce court
roman qui a su retracer en quelques pages le changement d’une vie à l’autre
bout du monde. On a tous un moment où
notre vie a basculé que cela soit en bien ou en mal. Parfois il suffit de peu !
L’auteure tout en légèreté et en simplicité nous introduit dans la vie de Mei.
Et le temps d'une lecture , nous ressentons sa colère, son recul, sa délivrance, sa joie
de vivre, et ses aspirations.
« Je m’empêche constamment de tout faire valser, de fondre en
larmes comme une enfant qui croit encore que pleurer de rage changera les
choses (…) »
Malheureusement, je trouve que
tout va assez vite. Nous sommes en plein cœur de l’action et pour ma part il
manquait un peu plus de contexte sur le travail en usine bien que l’auteure ne
voulait pas en faire un roman social*. Le contraste entre la Mei du début et
celle d' après en aurait été d’autant plus frappant. Cela m’aurait permis de m’attacher
plus aux personnages et à l’histoire en général. Même si le côté routine y est
abordé, la jeunesse brimée et désillusionnée n’est pas exploitée à fond. Voilà
je cherche la petite bête mais son poids, cette prison mécanique qui l’opprime auraient du être miens au fil des pages.
« Et je me vois là, dans tout ça.(…) Quantité des plus
négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là
pour l’éternité. »
Il n’empêche, j’ai passé un
agréable moment en compagnie d’une jeune fille en quête d’un avenir meilleur. Sophie
Van der Linden dans ce premier roman, réussit avec brio à sortir de l’ombre une
anonyme parmi tant d’autres. Une fille, une femme, qui de ses mains fabrique le
monde.
« Et c’est
repartit. Pour des pantalons de femmes en tergal. Gris. 2500. 3 jours. »
L’objet livre :
C’est en flânant parmi les
rayonnages d’une bouquinerie, que j’ai été séduite par cette couverture où poésie
et sensualité s’entremêlent harmonieusement.
Cette peinture du célèbre peintre
chinois Lin Feng-mien « Female Nude » illustre parfaitement le
parcours de la jeune Mei. J’ai un faible pour l’Asie, je l’admets et plus
particulièrement l’art et l’artisanat.
Petite ambiance musicale :
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