« Comment écrire
sa propre histoire ? […] Comment écrire un récit sur une vie qui a connu
décès et blessures sans meurtrir encore plus profondément ceux qui font partie
de cette vie ? »
Lili Sorel dans ce roman nous
relate son histoire, celle d’une enfant coupée de sa mère, de ses origines, d’une
partie de son identité. Il y a des sujets dont on ne parle pas dans les familles,
des non dits qui blessent. Pour cet enfant, sa mère est un sujet tabou. Toute
sa vie, elle se posera un tas de questions sur cette douloureuse absence et tentera de jouer le rôle de maman auprès de
son petit frère, qu’elle adore plus que tout au monde. Petit Pierre et Lili,
deux enfants qu’on voit grandir au cours de la lecture, toujours mains dans la
main. De l’enfance à l’âge adulte en passant par l’adolescence, Lili nous
emmène au cours des chapitres dans son combat à la recherche d’elle-même.
« Je ne veux pas qu’on caresse mes cheveux comme si j’étais un
chiot. Je veux juste que maman rentre du Congo et vienne nous chercher, petit
Pierre et moi. J’ai quatre ans, des «
cheveux crollés » et de la terre rouge du Katanga collée à mes semelles. »
Mon avis :
Les romans autobiographiques ou issus d’histoires vraies ont
ce pouvoir, celui de nous toucher. On ne peut ignorer les sentiments de ces
enfants coupés en deux, forcés de grandir sans celle qui leur a donné la vie. La
complexité des événements, des choix de certains protagonistes nous dépeignent une partie de notre histoire à
nous les belges, celle de la colonisation du Congo. Et loin des cours d’Histoire,
ce témoignage lourd en émotions est un partage, un don de soi.
« Je décide d’écrire
un livre qui raconterait les aventures, les souhaits, les blessures et le
combat de deux enfants métis, une sœur et son petit frère, privés de leur mère
et d’un de leurs pays, riant malgré tout. »
Lili nous livre sa vie ainsi que celle de ses
proches. On partage avec elle son quotidien dès le début des premières lignes, et
les émotions qu’elle transmet m’ont chamboulé. Hé oui… on passe du rire car
Lili est une personne pleine de vie… aux pleurs.
« Je t’aime maman, j’ai mis trente ans à te le dire mais oui je t’aime,
je ne t’ai jamais oubliée et je ne t’oublierais jamais. »
Selon moi, elle a réussi avec brio à rendre hommage à ces
personnes qu’elle a tant aimé. Dans cette histoire, il n’y a pas de méchants ou de gentils, pas de jugements sur ce qui s’est déroulé à l’époque. Ce roman est sa manière de ne plus taire, d’avoir
le droit de parler de son passé. Son véritable combat est celui contre l’oubli.
« La magie des mots et le
pouvoir de la parole me guérissent aujourd’hui. Ce qui m’a été refusé
avant est ma joie aujourd’hui.»
Je vous conseille
vivement cette centaine de pages riches en émotions, cette rencontre qu’on ne peut oublier !
Pour aller plus loin :